La Limagne un ancien grand lac?

Ecrit par L'eautochtone le 18 mai 2014

La Limagne serait née d’un ancien grand lac. Plusieurs hypothèses ont été formulées quand à sa naissance, mais son origine est clairement liée à l’Allier. Peu à peu le lac s’est asséché, prenant la forme d‘un immense marais puis de plusieurs marais (voir cartes) qui furent progressivement asséché.

Au sud, on distingue les Limagnes d’Issoire et de Brioude, au nord se trouve la Limagne bourbonnaise. La grande plaine située à l’est de Clermont-Ferrand est appelée « Grande Limagne ». Ce bassin long de 90 km et large de 40 est la plus vaste plaine du Massif Central.

carte limagne d'auvergne Symeoni

Carte de la Limagne d’Auvergne de Simeoni (1561)

Les limagnes sont des fossés d’effondrement tertiaires du socle hercynien contemporains de la surrection des chaînes pyrénéenne et alpine, remblayés à l’Oligocène par des sédiments fluviatiles, lacustres et lagunaires d’âge stampien (Derruau 1949a). Elles jalonnent le cours de l’Allier, qui les draine. La Grande Limagne, comme son nom l’indique, est le plus vaste, mais aussi le plus septentrional de ces bassins. Cette plaine, dont l’altitude est comprise entre 300 et 500 m, est nettement délimitée à l’ouest, à l’est et au sud par de hauts massifs montagneux, et ouverte en direction du nord.

Essai de toponymie :

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La toponymie est un des principaux outils au service de l’historien. Le nom des plaines fertiles qui en ont résulté portent la trace de l’histoire de ces plaines. En effet, le nom de Limagne tire son origine d’une racine limu-/*limo-, pour les formes galloromaine ou purement gauloise qui signifie boue. En français nous avons limon qui est de la même famille. En graphie classique la forme occitane privilégiée est Limanha, l’ancien auvergnat enregistre plus régulièrement Lhimanha.

relief du puy de dôme marais grand marais limagne trément

On trouve dans les écrit anciens le Pagum Lemaniam de Sidoine Apollinaire ou l’Arvenian Lemanen ou Lemanea, de Grégoire de Tours au VIème siècle  et enfin le Pays de Limagne (Léman / Limagne).  Les limons laissés par le lac sont l’élément essentiel de la fertilité de nos sols. Dans son Histoire de la Gaule, Camille Jullian (1908-1926, V : 401), qui confère au peuple arverne une place prééminente, explique sa suprématie par deux facteurs géographiques : « la fécondité de sa Limagne et la convergence de ses chemins ». Dans un territoire en grande partie dominé par les montagnes et les hauts plateaux, la Limagne, par ses caractéristiques topographiques, climatiques et pédologiques, constituait la principale ressource agricole d’une population nombreuse. En ce sens, c’était l’un des fondements de la puissance des Arvernes (Trément 2002b).

Origines du Lac :

Marcellin Boudet (1884) pensait qu’un soulèvement aurait barré le cours de l’Allier forçant « le fleuve et ses affluents de gauche à se répandre » sur la plaine. Pour le docteur Pommerol, l’Allier coulait à l’origine par la trouée de Sarliève et se répandait dans un « immense lac » correspondant à la zone des marais de Limagne. Au Néolithique, l’arrêt des pluies fréquentes et le retrait des glaciers provoquent un changement du régime des cours d’eau. Ce défaut d’alimentation transforme les lacs en étangs, puis en marais. M. Derruau (1949), pense à un creusement paléoclimatique par érosion régressive, qu’il place pendant la période du Würm humide, avant le Magdalénien. C’est travaux seront complétés et approfondis par Louis Gachon (1963 ; 1963).

grand marais bas marais marais de coeur marais de Sarliève

Au fils des années ce lac s’est tout doucement asséché pour devenir un marais, puis des marais disséminés sur une grande partie de la plaine auvergnate. Daugas et Tixier avançaient en 1978 que la Limagne offrait alors le visage d’un paysage bocager sans doute très proche de celui actuel du marais Poitevin, à savoir des prés entrecoupés de fossés tortueux bordés d’arbres tels que le saule ou le noisetier. Ces marais ont été asséchés sous Henri IV et Louis XIV (entre les XVI et XVIII siècle). Les entreprises de dessèchement visaient à gérer les écoulements dans le but de créer des terres à céréales et des prairies. Elles ont été conduites par à-coups et se sont étalées sur plusieurs siècles, du fait principalement des conflits d’intérêts opposant les différentes parties prenantes aux sociétés  concessionnaires, dans un contexte de morcellement foncier extrême (malgré le mouvement de concentration initié depuis le XVIe siècle). Le texte qui suit a été extrait de la HDR de Frédéric Trément.

On peut schématiquement distinguer trois phases.

Le dessèchement du lac de Sarliève (XVIIe siècle) :

La plus ancienne entreprise de drainage connue à l’époque moderne en Auvergne concerne le lac de Sarliève (Cohendy 1870 ; De Dienne 1886). Confiée par Henri IV à Humfroy Bradley, « maître des digues de France », sous le ministère de Sully, l’opération a été mise en oeuvre par Octavio de Strada entre 1611 et 1625. L’état du lac médiéval est décrit par G. Fournier (1996) et confirmé par les recherches paléoenvironnementales. Le plan d’eau, qui s’étendait sur environ 600 hectares, atteignait son niveau maximum au début de l’époque moderne. La tranche d’eau pouvait atteindre plusieurs mètres. Sur sa bordure ouest, le marais de la Ronzière était un espace composite, un peu plus élevé que le reste du lac et souvent à sec, voué au pacage et à la culture du chanvre par les habitants d’Aubière. Suivant la méthode hollandaise, l’assèchement fut obtenu par le percement d’une « grande rase », dont le tracé reprenait l’ancien déversoir, agrandi et rectifié, par lequel le trop-plein du lac se déversait dans le béal de Sardelle au nord. Des canaux secondaires plantés de saules dès leur ouverture venaient s’y raccorder. Le plan en couleur réalisé par le peintre clermontois Guillaume Duclos en 1678 donne un précieux état des lieux après les travaux. Il apparaît que la grande rase, qui bordait initialement le château de Sarliève à l’est, a été déplacée ensuite vers l’ouest, antérieurement à la fin du XIXe siècle (De Dienne 1886 : 192 n. 1). La cuvette asséchée est partagée entre prés et terres labourables, ces dernières se concentrant dans la moitié nord, peut-être plus sèche. L’entreprise suscita l’opposition virulente des habitants et des consuls des villages voisins. Après la mort d’Octavio de Strada en 1655, son fils, Jean de Strada, devenu écuyer, baron de Cournon et d’Aubière en partie, et seigneur de Sarliève, fut en butte, au moins jusqu’en 1683, aux contestations des religieux de Saint-André, anciens propriétaires d’une partie des terrains desséchés. C’est à l’occasion des différents procès que furent dressés les plans de 1663 et 1678. L’entreprise fut néanmoins une réussite. Le gain était important si l’on en croit M. Cohendy (1870 : 8-9), qui juge ainsi l’oeuvre d’Octavio de Strada : « La féconde et riche plaine de Sarliève dut à ses intelligents travaux d’être débarrassée de son lac inutile, de ses palus, rosières et marais fiévreux, et convertie en une plantureuse et fertile campagne qui, depuis deux siècles et demi, a contribué d’une manière notable aux richesses agricoles de notre département ». En 1698, Sarliève passait pour être « le plus beau domaine de la province » aux yeux de intendant Lefebvre d’Ormesson (Boudet 1890 : 5). Au XIXe siècle, le domaine, connu pour sa fertilité incomparable, était voué à la grande culture (De Dienne 1886 : 296).

lac Sarliève

Le dessèchement du Grand Marais et du Bas Marais (XVIIIe siècle)

Le dessèchement du Grand Marais et du Bas Marais a été commencé sous Louis XIV et achevé sous Louis XV. Un procès-verbal du lieutenant général de Riom, daté de 1722, donne les dimensions précises des marais concernés (Cohendy 1870 : 29). Le Bas Marais (dit marais de Thuret), situé à l’extrémité nord des marais de Limagne, s’étendait sur 3357 arpents, soit 1678 hectares. Son altitude, entre 304 et 310 m, est proche de celle de l’Allier, dont il est séparé par des collines assez marquées (375 m), ce qui explique les problèmes particulièrement aigus d’écoulement. L’assainissement du Bas Marais constituait donc assurément l’entreprise la plus importante et la plus difficile (Boudet 1890). Le marais d’Auranches (aujourd’hui Orange), localisé en amont du Bas Marais et de la confluence du Chambaron et de la Morge, à une altitude comprise entre 337 et 321 m, s’étendait sur seulement 342 arpents. Le marais de Cœur et de Gerzat, qui comprenait le Haut Marais et le Bas Marais de Cœur, couvrait 438 arpents. Enfin, le marais d’Ennezat s’étendait sur 601 arpents. La superficie totale à assécher s’élevait à 4739 arpents, soit 2369 hectares. Ces superficies, inférieures à celles données pour les marais en question par les géographes du XXe siècle (Derruau 1949 ; Ballut 2000), correspondent vraisemblablement aux parties les plus humides des bas-fonds, dont le drainage devait assurer l’assainissement des terres périphériques.

Confluence Bédat ruisseau des Guelles (21) 600

La terre fertile de la Grande Limagne

L’objectif affiché dans le projet initial, adressé au roi en 1713, était de produire en abondance du grain pour la Province et du chanvre pour les arsenaux de la Marine (Cohendy 1870 : 19). Un autre avantage, souligné par l’intendant d’Auvergne Béchameil de Nointel en 1715, était de réduire les maladies épidémiques causées par la stagnation des eaux croupies (Cohendy 1870 : 25). Concrétisé en 1714 par la création d’une société, le projet, supervisé par l’ingénieur du roi Saladin, comportait le percement d’un canal navigable entre Riom et l’Allier, auquel on renonça rapidement, car trop peu rentable. Les procès verbaux des magistrats de Riom et de l’expert Roger du Tour, datés du 5 octobre 1722, contiennent d’intéressants détails sur les techniques utilisées. Le plan prévoyait d’assécher chaque marais en combinant deux types de tranchées : en périphérie du marais, un fossé de ceinture de 6 pieds de large (2 m) et, traversant le marais d’un bout à l’autre, des tranchées de 3 toises de large (6 m), soit au total 77 km de fossés de ceinture et 23 km de fossés collecteurs pour l’ensemble des marais (Cohendy 1870 : 27, 31). Ces fossés devaient s’écouler vers les ruisseaux ou les rivières. Plusieurs cours d’eau devaient être rétablis ou recalibrés à cet effet. Enfin, des saignées complémentaires devaient être ouvertes dans le centre du marais en fonction des besoins, lors de l’exécution des travaux. Il était prévu d’assécher un marais après l’autre, afin de limiter le risque financier, de perfectionner la technique à mesure de l’avancement des travaux et d’assurer un autofinancement sur le produit des premières récoltes. Il était également prévu de tirer parti des fossés pour assurer l’irrigation de prés. Dans le marais de Surat, le plus humide, la faiblesse extrême de la pente constituait une difficulté majeure. L’inclinaison de la grande rase de Surat, longue de 5453 m, n’excédait pas 1,49 m sur un premier tronçon de 3228 m, soit moins de 0,5 millimètre par mètre. La grande rase de Thuret-Pagnan avait, quant à elle, une longueur de 4190 m, pour une pente de 4,53 m, soit en moyenne un millimètre par mètre. Ces grandes rases avaient 3 m de profondeur et 6 m de largeur. Encore fallait-il creuser le lit de l’Andon pour garantir un écoulement correct des eaux, ce qui nécessitait des travaux considérables.

clermont-ferrand Limagne

Une partie de la plaine de la Limagne

Face à l’opposition des consuls de Riom, relayée ensuite par celle des communautés d’habitants, des seigneurs et des propriétaires ecclésiastiques, le projet avorta. Des procès interminables s’en suivirent. Les paysans redoutaient en effet de perdre une partie de leurs communaux herbagers, utilisés comme pâturages d’été. Les projets d’assèchement redémarrèrent toutefois à partir du milieu du XVIIIe siècle, sous l’impulsion de propriétaires sensibles au renouveau de l’agriculture suscité par l’école des économistes, et à la faveur des déclarations royales de 1764 et 1766. L’accroissement de la population en Auvergne était à l’origine d’un fort besoin de terres cultivables. De vastes superficies furent ainsi gagnées à l’agriculture (comme le marais d’Ennezat), y compris hors du Marais de Limagne. Dans le Bas Marais, le projet initial fut revu à la baisse en 1771. Le nouveau plan comportait : – le percement de deux grands collecteurs traversant les marais de Surat et Pagnan et aboutissant dans l’Andon près de Maringues ; – l’aménagement d’un réseau de rases secondaires se vidant dans ces collecteurs ; – des travaux d’abaissement du lit de l’Andon à son embouchure dans la Morge, et de relèvement des points bas, de manière à régulariser l’écoulement (Boudet 1890 : 8). Malgré de nouvelles oppositions des paysans, le projet restreint fut achevé en 1792. Le bassin de l’Andon asséché, l’exploitation agricole put commencer (chanvre, blé). Mais les luttes, très violentes et parfois meurtrières, continuèrent. Dans les années 1833-1844, de nouveaux procès opposèrent les communes pour l’entretien des rases. Du fait de la négligence générale, les fossés se comblaient progressivement et le marais se reformait par endroit. Au XIXe siècle, le marais de Surat était encore comparé à un désert de boue (Boudet 1890 : 7, n. 3).

Borne de justice Lussat Borne de justice puy de dôme lussat

Les anciennes terres du Marais entre Lussat et Chappes

 Les travaux d’assèchement complémentaires (XIXe-XXe siècle)

Les travaux de canalisation du XVIIIe siècle avaient permis d’assainir au moins 3000 hectares dans le Marais (Boudet 1890 :11). Mais plusieurs grands marais n’étaient pas encore asséchés à la Révolution : le marais de Chappes, les bas-fonds de Champeyroux et de Clerlande (ancienne paroisse de Vasiat). Sous la Première République, la modification du régime et de la distribution de la propriété était difficilement compatible avec la mise en oeuvre de grands travaux. Les paysans empiétaient constamment sur les bordures herbeuses des marais pour les mettre en culture, mais ces initiatives individuelles, n’ayant pas de cohérence globale, n’avaient qu’une efficacité limitée. La négligence de l’entretien des fossés fut à l’origine d’un retour du marais au début du XIXe siècle (Fournier 1944 : 92). En 1857, le Service hydraulique projette l’assainissement du bassin marécageux de Lempdes, Cormède et Les Martres-d’Artière, soit 900 hectares. Les travaux sont achevés en 1875. En 1859, un projet beaucoup plus ambitieux, confié à l’ingénieur des Ponts-et- Chaussées A. Monestier, prévoyait le « dessèchement général des plaines du Marais de Limagne », soit une superficie de 60 000 hectares. Il resta dans les cartons. Le docteur F. Pommerol (1886), dont les analyses s’appuient sur des observations de terrain, donne une intéressante description du réseau de drainage du Grand Marais à la fin du XIXe siècle. Pour cet auteur, le Bédat est le « grand fertilisateur de la Limagne centrale » (Pommerol 1886 : 4). Dispersé en trois branches subdivisées en un nombre important de rameaux, de canaux et d’anastomoses, ce cours d’eau forme un réseau complexe, évoquant le système sanguin : « On ne saurait mieux comparer la distribution de ses eaux qu’à la circulation du sang dans le corps des vertébrés. Chaque tronc artériel se ramifie en branches collatérales, et celles-ci en vaisseaux capillaires, ce sont les canaux d’arrivée ; d’autres capillaires, d’autres vaisseaux veineux reprennent le sang et le ramènent dans une veine principale, ce sont les canaux de retour. De cette façon, l’irrigation est complète, générale » (Pommerol 1886 : 5). Dans ce « dédale hydrographique », le docteur Pommerol distingue les ruisseaux, les fossés à eaux dormantes (les rases), les canaux d’irrigation et d’assèchement.

Marais mlimagne

Épuisé par les saignées destinées à l’irrigation dès son arrivée dans la plaine, le cours d’eau ne se reconstitue en partie qu’en amont de Chappes. D’un point de vue agricole, la fonction du Bédat est triple : il amène l’eau d’irrigation, dépose, lors des crues, de fertiles limons que les paysans répandent sur les terres après les curages, enfin, il est utilisé pour drainer les sols. Le docteur Pommerol explique que, pour assurer l’irrigation, des digues hautes de 2 à 3 m, bordées de saules, de peupliers et de vergnes, et équipées de vannes d’échappement, ont été aménagées par l’homme pour permettre à l’eau de surplomber les terres et de s’écouler par gravité. De nombreuses anastomoses rendent « tout le système solidaire » et, « si de grandes pluies surviennent, les eaux se distribuent d’elles-mêmes entre les divers rameaux, entre les fossés et les canaux innombrables ; elles vont avec lenteur, et l’inondation gagne-t-elle certains territoires, les dégâts causés ne sont jamais bien sérieux. Parfois se manifestent les mêmes phénomènes qu’en Egypte, dans le delta du Nil ; les gras et noirs limons déposés apportent la fertilité et la richesse pour les années suivantes » (Pommerol 1886 : 5). A partir des années 1880, la dépopulation rurale, la baisse des cours des produits agricoles et la diminution de la valeur de la terre rendaient moins urgent et moins avantageux le gain de nouvelles terres (Fournier 1944 : 93). Le manque de main-d’oeuvre en milieu rural eut des répercussions importantes sur l’entretien du système de drainage du Marais. Les riverains avaient l’obligation légale de curer les canaux tous les deux ans, ou de les faire curer à leurs frais par l’administration. Avec l’augmentation du nombre de parcelles abandonnées et l’accroissement de l’absentéisme, les règlements devenaient inefficaces. Or dans un réseau de drainage complexe comme l’est celui de la Limagne, toute négligence dans l’entretien d’un tronçon rend inopérants les curages en amont et en aval, désorganisant tout le système. La végétation commence par envahir les fossés, bloquant la vase, provoquant l’éboulement des parois et empêchant l’écoulement de l’eau. A un certain moment, la situation devint insupportable. En 1902, un nouveau projet d’assainissement du Marais fut mis à l’étude. Il concernait 4200 hectares, soit plus de 6000 agriculteurs répartis dans 12 communes (Fournier 1944 : 94). Malgré la participation financière de l’Etat, l’importance des frais et l’individualisme de certains propriétaires en retardèrent considérablement la réalisation. Le projet fut relancé en 1910-1911. Le financement de l’Etat finit par couvrir la moitié des frais. Plusieurs associations syndicales furent créées. En 1914, près de 1000 hectares avaient déjà été drainés. On fit travailler de nombreux prisonniers de guerre allemands et autrichiens jusqu’en 1921. Au total, les travaux de curage, d’élargissement et de rectification de ruisseaux et de fossés portèrent sur une superficie de 15 000 hectares (Fournier 1944 : 95). L’opération la plus importante fut le recalibrage de la grande rase de Sarliève. Après la Grande Guerre, la mise en sommeil des associations syndicales, la pénurie de main-d’oeuvre dans les campagnes et la négligence dans l’entretien des ouvrages créés eurent pour conséquence la désorganisation du drainage. Les inondations de 1929-1930 provoquèrent des pertes considérables de récoltes. Dès 1929, quatre syndicats intercommunaux furent créés pour assurer une solution durable au problème. Les travaux du Génie rural commencèrent dès 1930, portant en particulier sur le Buron et l’Ambène. Entre 1930 et 1936, 120 km de cours d’eau furent concernés. De nouveaux travaux eurent lieu sur l’Artière et la Tiretaine en 1941, et sur le Buron en 1942. L’utilisation de pelles mécaniques autorisait une démultiplication du nombre et du gabarit des fossés. Mais le système de drainage demeurait trop hétérogène pour être totalement efficace. Dans les années 1950 et 1960, le paysage de Limagne reste humide. La céréaliculture s’étend sur les « hauts », tandis que les « bas » restent voués aux pacages et aux prairies. L’assainissement complet et durable du Marais nécessitait une réorganisation systématique du réseau, ce qui impliquait un remembrement de grande ampleur, qui fut réalisé dans le cadre du Plan Limagne, lancé en 1968.

Bédal aval Gerzat (11)

Le Bédat en aval de Gerzat

Mené à bien par le Génie rural, celui-ci s’est traduit par la canalisation des principaux émissaires (Artière aval, Tiretaines du nord et du sud, Bédat, Maréchat, Gensat, Ambène…), par le creusement d’un réseau de fossés secondaires et par des travaux de rectification du cours de l’Allier – l’objectif étant d’accroître le débit des écoulements. Plusieurs centaines de kilomètres de canaux et d’émissaires ont ainsi été creusées ou élargies, permettant au final de faire baisser de 2 m le niveau de la nappe phréatique.

On trouve  « lac magnus » qui signifierait « le lac grand » comme origine du mot limagne sur le site internet d’une grande encyclopédie en ligne, mais  c’est un composé pseudo-latin impossible

 Sources :

  • Frédéric Trément, De la Gaule Méditerranéenne à la Gaule Centrale : Paysages et peuplements à l’âge du fer et à l’époque romaine archéologique et Paléoenronnement des campagnes de Provence et d’Auvergne, Habilitation à diriger les recherches
  • Frédéric Trément, Au cœur du territoire arverne : la Grande Limagne
  • UBAUD, Diccionari ortografic, gramatical e morphologic de l’occitan, segon los parlars lengadocians
  • Blog Gereve63
  • La présentation de la Limagne par Wikipédia

2 réponses à “La Limagne un ancien grand lac?”

  1. […] Le nom de Limagne vient du latin « lac magnus« , le lac grand. Un soulèvement a barré le cours de l’Allier forçant « le fleuve et ses affluents de gauche à se répandre » sur la plaine (Boudet, 1884). Peu à peu ce dernier s’est asséché, prenant la…  […]

  2. christy dit :

    très beau documentaire;
    si j’ai bien suivis ! a l’époque il n’y avait pas beaucoup d’endroit en france où les gens n’avaient pas les pieds au secs!
    2 siècles pour,arriver a asséché des mairés, énorme!!!
    dans certain vieux village comme laroquebrou, St geniez /lot et bien d’autres!
    les premières datations sont de 1800 et des poussières….
    le haut de l’eau peu aller au dessus de 5m !!!!
    c’est aussi pour cela qu’ils ont construit des barrages, pour ne plus avoir des inondations ….avec tout le restes!
    voila pourquoi la limagne est si fertile.
    merci beaucoup, je me lasse pas de revoir ce document!
    vous en avez d’autres comme celui s’y?
    bonne journée.

  3. L'eautochtone dit :

    Merci, c’est très sympa à vous. Nous préparons un article sur le Maar de Jaude.

    Nous avons fait un article sur les causes de disparition des lacs : http://www.eauvergnat.fr/pourquoi-les-lacs-disparaissent-ils