Les filets à brouillard : une autre méthode pour récolter de l’eau

Ecrit par L'eautochtone le 31 octobre 2009

garabit brouillard eauvergnatAujourd’hui, un tiers de l’humanité vit dans une situation dite de « stress hydrique ». L’eau douce est donc une denrée rare. La France (et en particulier le Massif central et l’Auvergne) a pour l’instant une situation privilégiée, mais qui cache de gros contrastes selon les régions. Les prévisions montrent qu’avec sa croissance démographique remarquable, la France a de grandes chances de se retrouver en situation de « stress hydrique » dans moins d’une vingtaine d’années. Les scénarii d’évolution parlent de 2025. Si plusieurs techniques existent déjà et sont appliquées en France pour  récupérer l’eau de pluie, les filets à brouillards ne sont encore que trop peu utilisés.

Freshwater stress eauvergnat

Avant de réussir à mettre au point des véritables filets à brouillard, l’homme a pu  profiter de véritables « arbres fontaines » au feuillage particulièrement efficace. Le laurier de l’île El Hierro des Canaries fut utilisé dès le XVIIe siècle par les bergers pour alimenter un abreuvoir. Les filets à brouillard ne seraient donc qu’une forme de biomimétisme cher à Janine Benyus. Pour en savoir plus, je vous invite à regarder sa conférence sur le site TED.

Photo « les voyageurs de l’eau », Le Figaro

Les filets à brouillard sont particulièrement appropriés pour les endroits isolés, où ne sont disponibles ni réseaux d’eau potable, ni barrages, ni rivières, et où il ne pleut pratiquement jamais. Ils peuvent tout de même servir de complément non négligeable pour alimenter des réservoirs d’eau de pluie et du coup économiser l’eau des nappes phréatiques.

L’utilisation des filets à brouillard remonte au milieu des années 80. Ces fines gouttelettes d’eau d’un diamètre de 2 à 5 micromètres sont si petites qu’elles ne tombent pas jusqu’au sol, (contrairement aux gouttes de pluie qui sont dix à cent fois plus grosses). En l’absence de végétation, les gouttelettes de ces brouillards persistants sont emportées par le vent, sans jamais irriguer le paysage.

On peut trouver ces filets à Danda Bazzar, village du Népal, à 2130 mètres d’altitude, mais l’exemple le plus connu est celui de Chungungo, au Chili. Ce village est l’un des endroits les plus secs au monde. Les panneaux de polypropylène de 4 mètres de haut sur 12 mètres de large, qui y ont été installés, récoltent 15 000 litres d’eau en moyenne par jour. L’eau s’écoule le long des filets, puis elle est récoltée dans des gouttières et stockée dans des réservoirs.

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Cette technique est toutefois réservée à des sites bénéficiant de conditions particulières. Les sites les plus favorables sont les montagnes côtières, où se condensent les embruns venus de la mer. La base des stratocumulus riches en humidité se situe à des altitudes entre 400 et 1000 mètres.

D’autres filets ont ainsi été installés en Afrique du Sud, au Pérou, mais il existe également des projets en Suède, en Israël et en Tanzanie.

« L’eau récoltée pourrait même être utilisée comme eau minérale. »

Jana Olivier, professeur à l’université d’Afrique du Sud

Pour cela , il vaut mieux habiter une zone non polluée. Une étude suisse de 2003 a  montré que l’eau du brouillard dans le Jura contenait en moyenne deux fois et demi trop de nitrate que la valeur tolérée pour l’eau potable, avec des valeurs maximales proches de 250 milligrammes par litre.

Pour en revenir au biomimétisme, il y a un petit scarabée dans le désert namibien qui n’a pas accès à l’eau douce pour boire, mais qui boit l’eau du brouillard. Je suis certain que vous avez déjà vu un reportage sur ce scarabée. Il a des bosses sur le dos qui agissent comme un aimant pour l’eau. Quand le brouillard arrive, l’eau est collecté sur le bout de ces bosses. Un scientifique d’Oxford, Andrew Parker a étudié ce phénomène et maintenant des entreprises comme Grimshaw (Qinetiq) utilisent se procédé pour recouvrir des bâtiments afin de récupérer l’eau du brouillard. C’est dix fois plus efficace que nos filets à brouillard…

Sources :

– Dossier spécial du site « l’internaute« 

– « L’eau à la Bouche » de Cap-Sciences

– Dossier du 04/04/2008 des voyageurs de l’eau

Dossier du centre de recherche pour le développement international

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